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Berlin, nouveau refuge de lanceurs d'alerte

Publié le par Felli Bernard

Berlin, nouveau refuge de lanceurs d'alerte

~~ LIBERTÉS PUBLIQUES Berlin, nouveau refuge de lanceurs d'alerte Entre dynamisme économique, culture indépendante et place importante accordée aux libertés publiques, la capitale allemande est un havre de paix pour les lanceurs d'alerte, déjà nombreux à y avoir posé leur valise.

Edward Snowden pourrait lui aussi s'y installer. The Washington Post | Michael Birnbaum 1 Décembre 2013 | 0 Partager : Un manifestant exprime son soutien à Edward Snowden devant le Parlement, à Berlin, le 18 novembre 2013 - AFP/Johannes

Pendant la guerre froide, Berlin était une ville truffée d'espions. Aujourd'hui elle sert de refuge à ceux qui cherchent à échapper à la surveillance de l'Etat. Un réseau international de défenseurs de la vie privée et de la protection des données est en train de se mettre en place dans la capitale allemande, jugée plus sûre que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, qui ont déclaré la guerre aux lanceurs d'alerte.

La réalisatrice de documentaire Laura Pointras, qui fut l'un des principaux contacts d'Edward Snowden, habite désormais à Berlin. Tout comme Jacob Appelbaum, ancien porte-parole pour WikiLeaks. Et, depuis le mois dernier, Sarah Harrison. Cette jeune femme très engagée dans Wikileaks et principal soutien de Snowden à Moscou craint en effet d'être poursuivie par son gouvernement si elle rentre au Royaume-Uni.

Berlin est le paradis de la contre-culture, on y trouve des clubs d'hackers, des loyers pas chers et une population locale acquise à leur cause puisqu'elle a installé au parlement régional le parti des Pirates, une organisation politique qui promeut la liberté d'expression, se bat contre la censure sur Internet et occupe désormais 10 % des sièges.

Fuir la paranoïa totale Ironie de l'Histoire, cette ville parfois morose qui servait autrefois de toile de fond aux romans d'espionnage de John Le Carré pourrait peut-être finir par accueillir Snowden en personne, enfin du moins certains l'espèrent. "La ville tout entière est prête", explique Daniel Domscheit-Berg, un défenseur allemand des technologies et des libertés qui était porte-parole pour WikiLeaks avant de quitter l'organisation en 2010. "Notre pays est une grande réussite sur le plan économique.

Et Berlin est aussi l'épicentre des mouvements alternatifs. La conjonction de ces deux aspects en fait un endroit parfait", pour exiger davantage de respect de la vie privée. "J'ai passé quelques jours en Allemagne, a déclaré dernièrement dans un communiqué Sarah Harrison qui vit dans la clandestinité, et j'ai été réconfortée de voir que les gens se mobilisaient afin de demander à leur gouvernement de faire le nécessaire pour enquêter sur les révélations d'espionnage de la NSA et offrir l'asile politique à Edward Snowden." Elle compte d'ailleurs rester en Allemagne

: "Mes avocats m'ont conseillé de ne pas rentrer chez moi (au Royaume-Uni)." Et pour les défenseurs des libertés publiques qui ont trouvé refuge à Berlin et comptent bien y rester, cette situation est réjouissante. "Le climat social est beaucoup plus détendu, explique Diani Barreto, un artiste américain qui a vécu à Berlin en 1989 et qui milite pour la liberté sur Internet. "Qui aurait envie de vivre dans la paranoïa totale et d'avoir sa maison surveillée en permanence ? Les gens préfèrent venir s'installer ici." Pour de nombreux exilés par militantisme, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ne sont plus des pays attractifs.

L'ancien analyste des services secrets Bradley Manning, qui se fait désormais appeler Chelsea, a été condamné à trente-cinq années de prison cette année après avoir transmis des câbles du département d'Etat [américain] à WikiLeaks en 2010.

Snowden est actuellement recherché pour espionnage. David Miranda, partenaire du journaliste Glenn Greenwald, qui a écrit de nombreux papiers à partir des révélations de Snowden dans The Guardian, a été arrêté à l'aéroport d'Heathrow de Londres en août en vertu des lois antiterroristes.

Et le journaliste du New York Times, James Risen, risque lui aussi la prison pour avoir refusé de témoigner lors du procès d'un ancien de la CIA accusé de divulguer des informations secrètes

. La vie privée, question sensible en Allemagne En Allemagne, les lanceurs d'alerte sont considérés comme des héros et bénéficient d'une protection officielle.

La ministre de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, a déclaré dans un récent entretien que les autorités américaines lui avaient demandé de signer un accord d'extradition au cas où Snowden foulerait le sol allemand. Ce qu'elle a refusé.

La question de la confidentialité et du respect de la vie privée est particulièrement sensible en Allemagne à cause de la surveillance oppressive dont elle a souffert au cours du XXe siècle : d'abord par les nazis, puis par la Stasi en Allemagne de l'Est.

Chez les hackers, la ville jouit d'une renommée mondiale. Des groupes d'hackers comme le Chaos Computer Club regroupent les amateurs de technologies dont le passe-temps favori consiste à pirater le nouveau système de reconnaissance digital de l'Iphone ou concevoir de nouveaux moyens de rester invisible sur Internet.

Cette nouvelle tendance n'a pas échappé aux entreprises et ces transfuges d'un genre nouveau ne devraient pas avoir de problèmes pour gagner leur vie. Gsmk CryptoPhone, une entreprise qui fabrique des téléphones portables sécurisés, a ainsi son siège à Berlin. "Il est primordial que nos clients puissent avoir confiance en nos produits, la sécurité de leur conception ne doit faire aucun doute, et, pour cela, l'Allemagne est l'endroit idéal", explique le directeur de Gsmk, Bjoern Rupp. "La loi allemande garantit la construction de produits cryptés de qualité."

En 1990, "après la réunification, la ville a dû se réinventer. C'était une question de survie, dit-il. Depuis, la ville se caractérise par un dynamisme incomparable que vous ne trouverez nulle part ailleurs en Europe."

http://www.courrierinternational.com/article/2013/12/01/berlin-nouveau-refuge-de-lanceurs-d-alerte

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