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La Bulgarie tiraillée entre la Russie et l'Europe

Publié le par Felli Bernard

La Bulgarie tiraillée entre la Russie et l'Europe

Alsace 28/05 | 06:00 | Par Jacques HUBERT-RODIER

En dépit des réticences de Bruxelles, Sofia souhaite la construction du gazoduc South Stream.

La Bulgarie ? « Une véritable déchirure » entre Europe et Russie, souligne une analyste à Sofia. Mais les dirigeants semblent pencher en faveur de Moscou, soutenus par une opinion publique en majorité opposée à des sanctions après l'annexion de la Crimée. Sept ans après l'adhésion à l'Union européenne l'enthousiasme a disparu.

Lors des élections européennes de dimanche, qui ont été remportées par l'opposition conservatrice, le parti GERB de l'ex-Premier ministre Boïko Borissov (30,5 % des voix contre 19,5 % aux socialistes soutenant le gouvernement minoritaire de Plamen Orecharski), la participation a été de 35 %, 2 points de moins qu'en 2009. Certes, la Bulgarie n'est pas en train de redevenir un pays satellite de la Russie, comme le redoutent certains intellectuels bulgares. Mais Moscou exerce une forte pression sur Sofia, notamment, pour que le projet de gazoduc South Stream, devant relier la Russie à l'Europe occidentale, passe par la Bulgarie. Or, le Parlement européen, pour répondre à Moscou dans la crise ukrainienne, a décidé de suspendre l'autorisation de ce projet paneuropéen.

A l'issue d'une rencontre avec le commissaire européen Günther Oettinger, le ministre bulgare de l'Energie, Dragomir Stoynev, a affirmé que son pays n'avait pas l'intention d'arrêter ce projet. « Le torchon brûle entre la Bulgarie et la Commission européenne », titrait ainsi le site euractiv.fr. Pour échapper au champ d'application du troisième paquet énergie, le Parlement bulgare a adopté des amendements à la loi sur l'énergie qualifiant South Stream « d'interconnecteur » et non pas de gazoduc. Une dialectique, qui irrite Bruxelles, même si la Bulgarie n'est pas seule à vouloir cette « interconnexion ».

L'Italie est aussi un fervent supporter du projet de Gazprom, sans compter les entreprises allemandes et suisses. Mais la position de Sofia est complexe. Dans la crise ukrainienne, affirme à l'AFP le sociologue Andrey Raytchev, « la Bulgarie tient la position de l'épouse obligée de s'aligner sur son mari ☻[Bruxelles, NDLR], tout en sachant qu'elle subira de lourdes pertes ». Des pertes d'autant plus lourdes que la Bulgarie reste à la traîne, derrière la Roumanie pour le PIB par habitant. Et certains Bulgares commencent à accuser l'Union d'être responsable de leur malheur, en oubliant, souligne-t-on à Sofia, que « l'Europe continue à nous verser des fonds »...

En tout cas, un consortium conduit par la société russe Stroytransgaz a été choisi, hier, pour la construction du tronçon bulgare de South Stream, selon l'AFP.

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