Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Croissance : l’impasse prédite par Jacques Sapir se réalise

Publié le par Felli Bernard

Laurent Pinsolle
Laurent Pinsolle

lundi 18 août 2014

Croissance : l’impasse prédite par Jacques Sapir se réalise

La semaine dernière, sont tombés les chiffres de croissance pour le second trimestre en France et dans la zone euro. Résultat : 0% de croissance pour la France et une baisse de 0,2% du PIB de la zone euro, ce qui confirment très précisément les prévisions faites par Jacques Sapir à l’automne 2012.

La croissance au point mort

Les résultats du second trimestre pouvaient malheureusement être anticipés. En effet, la stabilité du premier trimestre n’avait été permise que par une forte hausse des stocks, qui avait apporté 0,5% de croissance, ce qui avait compensé les contributions négatives de la consommation (-0,2%), des investissements (-0,2%) et du commece extérieur (-0,1%). Assez logiquement, après le gonflement des stocks du trimestre précédent, ils contribuent de manière négative (et encore, de seulement 0,1%, ce qui peut indiquer qu’ils restent encore relativement forts). Le commerce extérieur contribue également à hauteur de -0,1%, ce qui relativise la baisse du déficit, l’investissement de -0,2%, ce qui compense la hausse de la consommation, qui contribue à hauteur de +0,4%, la meilleure performance depuis début 2012.

Ces chiffres sont assez inquiétants à plusieurs titres. Sur les quatre derniers trimestres, trois se sont soldés par une contribution négative du commerce extérieure (le 4ème trimestre y échappant, sans doute du fait des cadeaux des fêtes de fin d’année), ce qui montre bien que notre politique commerciale est destructrice pour notre économie. Ensuite, pour la neuvième fois en dix trimestres, les investissements sont en baisse. Pire, le phénomène s’aggrave, ce qui augure mal des capacités productives et de la croissance des années à venir. Bref, la situation de la France n’est pas riante, la croissance sera sans doute encore plus faible que prévue et le phénomène est généralisé à l’échelle de la zone euro, dont le PIB recule de 0,2% du fait de la baisse équivalente de l’Allemagne et l’Italie, malgré le léger rebond espagnol.

L’impasse européenne et française

Il faut quand même une croyance religieuse pour penser que le cocktail dément d’austérité et de course à la compétitivité (le nom politiquement correct des baisses de salaires et de réduction des prestations sociales) pourrait produire de la croissance. L’austérité, surtout quand elle est pratiquée simultanément, produit une contraction de l’activité (transmis à ceux qui plaident pour tailler à la hache dans les dépenses publiques). Et il est illusoire de vouloir rendre le travail compétitif dans un monde où les salaires varient de 50 à 200 euros par mois en Asie, mais aussi plus prêt de nous, en Afrique du Nord ou en Europe de l’Est. La mondialisation dans sa forme actuelle condamne les pays dits développés comme nous, l’Allemagne n’étant qu’une exception qui confirme la règle du fait d’un écosystème non réplicable.

Et le pire est que les multinationales s’en tirent bien, comme le montrent les profits du CAC 40, ce qui en dit long sur le sort de la grande majorité. D’où l’impasse où Hollande se trouve, après Sarkozy. Et ce ne sont pas les jérémiades de Michel Sapin sur les politiques européennes qui changeront quoi que ce soit.

à

07:55

Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest

Libellés : croissance, euro, Jacques Sapir, récession

  1. A-J Holbecq18 août 2014 09:09

    On peut espérer un coup de fouet avec un changement de politique et une volonté keynésienne forte (augmentation des revenus du travail, injection monétaire aux entreprises et aux consommateurs et commandes d'Etat ....) et tant pis pour le déficit public, mais de toute façon avec du 1,4% sur le 10 ans, c'est le moment d'emprunter un max!
    Néanmoins je ne pense pas qu'il puisse y avoir sur le long terme une croissance de plus de 1% par an.
    C'est la croissance du bien-être plutôt que la croissance du PIB que nous devons rechercher.
    Il y a de toute façon une anomalie: nous sommes le 5ème PIB mondial, mais seulement # le 20ème en PIB par habitant (en PPA) !

Croissance : l’impasse prédite par Jacques Sapir se réalise
Commenter cet article