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Mais Paris libéré !

Publié le par Felli Bernard

Mais Paris libéré !

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20/08/2014

Paris libéré

C’était il y a 70 ans. Un jour de liesse comme les peuples en connaissent tant tout au long de leur histoire, une de ces journées où chacun se retrouve ou presque. Un jour où le citoyen prend le pas sur l’homme, le mari, le père ou le fils. Un jour où le courage renaît après tant de petites lâchetés et de grands héroïsmes esseulés. Les alliés avaient s’étaient appropriés le Nord Ouest de la France et filaient vers l’Allemagne pour achever l’ogre nazi. Eisenhower n’était pas Hitler et se souciait peu des symboles, son regard n’était ainsi pas tourné vers la ville lumière, endormie au son des bottes allemandes défilant sur les Champs Élysées. Le général Bradley écrivait dans ses mémoires : « La ville n’avait plus aucune signification tactique. En dépit de sa gloire historique, Paris ne représentait qu’une tache d’encre sur nos cartes ; il fallait l’éviter dans notre marche vers le Rhin »

Les américains n’ont ainsi aucune envie de tomber dans l’un des derniers pièges tendu par le Führer blessé, un Stalingrad de l’Ouest. Hitler avait donné l’ordre, non pas de « bruler Paris » mais de détruire chaque monument et chaque pont pour transformer la capitale française en cimetière des alliés. Il s’agissait de réprimer avec une violence inouïe toute tentative de résistance de la population et de combattre dans Paris jusqu’à la mort du dernier des 20 000 hommes dirigés par le général Von Choltitz. Le Général n’a pas, contrairement à une légende popularisée par le film de René Clément Paris brûle-t-il ?, sauvé Paris en refusant d’exécuter l’ordre de Hitler de raser la capitale. « Il s’est donné le beau rôle dans ses Mémoires, en 1951, où il avait besoin de laver sa réputation, car il avait contribué à la destruction de Rotterdam et fait raser Sébastopol, assistant plus ou moins activement à l’extermination de 50 000 juifs par l’Einsatzgruppe n° 3″. Plus prosaïquement, alors que le front allemand s’effondre à l’Ouest et que l’attentat tenté par le groupuscule d’officiers menés par Claus von Stauffenberg contre Hitler vient d’échouer, Dietrich von Choltitz est, au matin du 7 août 1944, nommé gouverneur militaire de la garnison du « Grand Paris ». Sa nomination lui est signifiée par Adolf Hitler en personne à la Wolfschanze.

Barricade parisienne

Von Choltitz écrit dans ses mémoires : « Je me trouvais devant lui et je vis un homme vieux, voûté, bouffi, aux cheveux gris et clairsemés, un être tremblant et physiquement ruiné. Aujourd’hui encore, je ne peux dire avec certitude s’il croyait lui-même en ses paroles ou s’il trompait sciemment son entourage pour l’exhorter à tenir jusqu’au bout. Plus de doute : je me trouvais en face d’un fou. La conscience que l’existence de notre peuple était aux mains d’un aliéné, incapable de dominer la situation pesait sur moi de toute sa force. » Le général exprime le sentiment partagé par tous ceux qui approchent Hitler à la fin de sa vie : le combat est perdu. Le général se refuse donc à appliquer les ordres parce qu’ils sont inutiles militairement puisque les alliés sont décidés à contourner la ville et surtout parce que son inaction ne peut lui être que bénéfique pour le lendemain de la défaite.

A Paris, es cheminots se mettent en grève le 10 août, suivis par les agents du métro, la gendarmerie le 13 août et la police le 15, suivie des postiers le jour suivant. La grève générale est proclamée le 18 août (ce qui est quand même typiquement français … la grève en pleine guerre !). De sérieux combats ont lieu à la préfecture de police, occupée par les policiers insurgés dès le matin du 19 août. Dans la soirée du 19, une trêve est organisée entre le général Von Choltitz et la résistance, sous les auspices du consul de Suède Raoul Nordling. C’est l’objet du film Diplomatie du réalisateur allemand Volker Schlöndorff. Vivement contestée par les communistes, elle est très mal respectée et les combats reprennent le 21 sans que la résistance parvienne à s’imposer face à la Wehrmacht.

Vous trouverez le reste de l’histoire partout sur Internet et comme le journal Libération je me permet de copier des passages de wikipédia mais en citant ma source : « le général Leclerc force la main aux Américains en donnant l’ordre de marche sur Paris aux éléments de reconnaissance de sa 2e division blindée française. Le général américain Gerow, supérieur hiérarchique de Leclerc, est furieux, considérant cela comme une insubordination. Eisenhower doutant de pouvoir retenir les Français finit par accepter et envoie la 4e division d’infanterie américaine en renfort. À partir de ses positions d’Argentan l’audacieuse attaque française se fait, sans soutien aérien allié, sur 200 km en contournant par le sud les fortes positions allemandes placées à l’ouest de Paris, au milieu d’un enthousiasme populaire indescriptible qui gêne les combattants. C’est que, depuis deux mois, Paris attend les Américains, malgré la propagande de Radio Paris qui annonce la victoire allemande en Normandie, et soudain derrière l’ennemi qui reflue en désordre dans la banlieue, on voit les trois couleurs sur les tourelles des Sherman M4. À la surprise initiale succède une indicible fierté, la foule envahit les rues, on monte sur les chars, partout les drapeaux fleurissent, la rumeur se propage jusqu’à Paris : « Les Français, ce sont des Français de Leclerc ! » »

Et le 25 aout 1944 résonnait cette voix, celle de la France :

Le Général de Gaulle descend les Champs Élysées

Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains.

Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.

Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.

Eh bien ! puisque l’ennemi qui tenait Paris a capitulé dans nos mains, la France rentre à Paris, chez elle. Elle y rentre sanglante, mais bien résolue. Elle y rentre, éclairée par l’immense leçon, mais plus certaine que jamais, de ses devoirs et de ses droits.

Je dis d’abord de ses devoirs, et je les résumerai tous en disant que, pour le moment, il s’agit de devoirs de guerre. L’ennemi chancelle mais il n’est pas encore battu. Il reste sur notre sol. Il ne suffira même pas que nous l’ayons, avec le concours de nos chers et admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous nous tenions pour satisfaits après ce qui s’est passé. Nous voulons entrer sur son territoire comme il se doit, en vainqueurs.

C’est pour cela que l’avant-garde française est entrée à Paris à coups de canon.

C’est pour cela que la grande armée française d’Italie a débarqué dans le Midi ! et remonte rapidement la vallée du Rhône.

C’est pour cela que nos braves et chères forces de l’intérieur vont s’armer d’armes modernes.

C’est pour cette revanche, cette vengeance et cette justice, que nous continuerons de nous battre jusqu’au dernier jour, jusqu’au jour de la victoire totale et complète.

Ce devoir de guerre, tous les hommes qui sont ici et tous ceux qui nous entendent en France savent qu’il exige l’unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les plus grandes heures de notre Histoire, nous n’avons pas à vouloir autre chose que de nous montrer, jusqu’à la fin, dignes de la France. Vive la France !

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