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Russie, via l’Egypte et l’Arabie Saoudite ?

Publié le par Felli Bernard

Les porte-hélicoptères Mistral, vont-ils arriver en Russie, via l’Egypte et l’Arabie Saoudite ?

4003 vues 15 août 2015 18 commentaires Géopolitique Valentin Vasilescu

par Valentin Vasilescu

Présent à la cérémonie pour l’expansion du Canal de Suez à Ismaïlia, le Président français a annoncé que les deux porte-hélicoptères Mistral qu’il a refusé de livrer à la Russie, pourraient être vendus à l’Egypte. Mais l’Egypte n’en a pas besoin et n’a pas d’argent pour les acheter. L’Arabie Saoudite avait offert au gouvernement du général Abdel Fattah al-Sissi, qui se trouvait dans un moment difficile, une aide financière s’élevant à 3,7 milliards d’euros. Immédiatement, l’Egypte a signé un contrat d’une valeur de 1 milliard d’euros pour l’acquisition de quatre corvettes Gowind françaises de 2 500 tonnes. Par la suite, en février 2015, l’Égypte a également signé avec Paris un contrat d’achat pour 24 avions Rafale et une frégate FREMM. Est-il possible que l’Égypte soit utilisée comme paravent par l’Arabie Saoudite, pour l’achat des porte-hélicoptères Mistral ? Et dans ce cas, la question est : l’Arabie Saoudite a-t-elle besoin des porte-hélicoptères ?

Le navire de guerre américain HSV-2 Swift (vitesse 80 km/h) a participé, en date du 15 juillet 2015, au conflit du Yémen, sous pavillon des Emirats Arabes Unis. Ce navire ultra rapide avec une capacité de 500 tonnes de fret, dispose en plus, de plateformes de décollage et d’atterrissage de deux hélicoptères MH-60. Ils ont utilisé ce stratagème, étant donné que ni les Emirats Arabes Unis ni l’Arabie Saoudite n’ont de navires de débarquement de troupes d’infanterie de Marines.

HSV-2-Swift

Jusqu’au 3 août, ce navire a transporté et débarqué à Aden, pendant deux semaines, une brigade d’infanterie mécanisée des Émirats Arabes Unis, composée d’un bataillon de blindés (45 chars Leclerc), un bataillon d’infanterie mécanisée (40 APC type BMP-3M), un bataillon d’artillerie avec des pièces automotrices Denel G6 cal. 155 mm et un bataillon de forces spéciales composé de 350 soldats.

Du point de vue opérationnel, l’infanterie de marine de l’Arabie Saoudite, composée de 140 APC espagnol (BMR-600P) n’a pas les moyens nécessaires à un groupe expéditionnaire autour d’un navire d’assaut amphibie (porte-hélicoptère), parce qu’il lui manque quelques éléments de base.

La mission principale d’un navire d’assaut amphibie-porte-hélicoptère est d’embarquer, déployer et projeter près des côtes une force expéditionnaire de l’infanterie de Marines à bord d’hélicoptères de transport, d’aéroglisseurs et de navires de débarquement classiques. L’Arabie Saoudite ne dispose ni d’aéroglisseurs, ni de navires de débarquement classiques. Comme mission secondaire, le porte-hélicoptère assure la supériorité aérienne sur la zone de débarquement et l’appui aérien lors du débarquement, grâce aux hélicoptères d’attaque embarqués à bord. La marine saoudienne n’est pas équipée d’hélicoptères d’attaque embarqués.

Pour la protection du porte-hélicoptère et pour lui apporter un appui-feu dans la zone de débarquement, le groupe expéditionnaire a besoin de deux destroyers, armés de missiles, mer-terre, mer-mer, mer-air et de canons. La marine saoudienne ne dispose d’aucun destroyer. Les destroyers doivent être complétés par deux frégates armées de manière similaire. L’Arabie Saoudite possède trois frégates construites en France dans la classe Al Riyadh (La Fayette) armées de missiles de croisière SCALP EG, de missiles navire-navire Exocet MM40 Block II, de missiles AA Aster 15 (rayon 30 km), et de canons de calibre 100 mm et 20 mm. On peut rajouter quatre autres frégates mal armées, de classe Al Madinah, toutes construites en France dans les années 1980. Ces navires n’ont pas la puissance de feu nécessaire pour soutenir les porte-hélicoptères.

Un autre type de navire de soutien, essentiel au groupe expéditionnaire, est un sous-marin pour neutraliser une possible attaque de sous-marins ennemis. L’Arabie Saoudite ne possède aucun sous-marin.

La Russie a reçu de l’Arménie une somme de 200 millions de dollars et est sur le point de lui livrer des missiles Iskander-M. L’Arabie Saoudite souhaite intensifier les relations avec la Russie dans tous les domaines, notamment dans le domaine militaire, a déclaré le ministre saoudien des affaires étrangères Adel al-Jubeir, lors de sa visite à Moscou en août 2015. Il est venu avec la proposition d’investir 10 milliards de dollars dans l’économie russe. Dans le même temps, l’Arabie Saoudite a eu plusieurs séries de négociations avec la Russie, pour l’achat de missiles Iskander.

Iskander

Le missile Iskander a un plafond de croisière de 50 000 m, ce qui le rend invulnérable vis-à-vis de la plupart des systèmes sol-air. En outre, il évolue à une vitesse de 7 000 à 9 000 km/h, tout en exécutant des manœuvres d’évitement et de zigzag en vol. Les missiles de croisière, même ceux qui disposent de la technologie « stealth » se déplacent à la vitesse de 800 km/h et peuvent être détectés à une distance de 80 km (avant) et 145 km (arrière), par les avions équipés de récepteurs infra-rouge (IRT).

Vue du cockpit de SU-27UB au 38 ème Salon International du Bourget.

Depuis plusieurs décennies, les pilotes russes en service dans l’aviation de chasse ont été entrainés aux procédures d’interception et de destruction des missiles de croisière, chacun exécutant annuellement au moins quatre exercices de tir réel dans le polygone de Astrakhan sur des avions sans pilote réactifs, évoluant à basse altitude, pendant la nuit, qui simulent parfaitement le profil de vol des Tomahawks.

http://reseauinternational.net/lArmee-syrienne-a-la-capacite-de-repousser-les-vagues-de-tomahawks-lances-par-les-Americains-partie-12-3/

Il n’est pas exclu que l’Arabie Saoudite reçoive les porte-hélicoptères Mistral à la place de d’Egypte, pour les livrer ensuite à la Russie en échange des systèmes de missiles Iskander. Si cette situation se confirme, il pourrait y avoir deux hypothèses de travail.

La première hypothèse concerne le système de guidage des nouveaux missiles Iskander, avec un écart probable de 2 à 5 m à une distance de 500 km. Les américains, désireux d’entrer en possession de ce système, pourraient l’obtenir via l’Arabie Saoudite. Pour les USA, le fait que les deux porte-hélicoptères Mistral de 21 000 t, avec 16 hélicoptères à bord, arrivent en possession de la Russie ne pose aucun danger, car les États-Unis ont 8 navires de commandement amphibie de classe Wasp, avec un déplacement de 41.335 t.

Chacun de ces navires est équipé de 12 hélicoptères de transport CH-46 Sea Knight, 6 avions d’attaque au sol, avec décollage et atterrissage vertical de type AV-8B, 4 hélicoptères d’attaque AH-1W Super Cobra, 9 hélicoptères anti sous-marins CH-53 Sea Stallion et 4 hélicoptères de sauvetage UH-1N Huey.

La deuxième hypothèse remet en question l’équilibre des forces au Moyen-Orient. Peut-être l’Arabie Saoudite prévoit-elle la croissance substantielle du rôle de la Russie dans un avenir proche dans la région du Golfe, avec son soutien à l’Iran pour capitaliser sur les énormes ressources énergétiques. La coopération russo-iranienne permettrait un essor économique et militaire exponentiel de l’Iran, qui toucherait sérieusement les pays de la péninsule arabique. Ni les Etats-Unis, ni Israël ne pourront contrer cette tendance. Par la suite, l’Arabie Saoudite (le plus grand exportateur de pétrole dans le monde et 3e pour le gaz naturel) se verrait obligée de demander protection en se tournant vers la Russie (deuxième place en réserves de pétrole et première place en réserves de gaz naturel). Les deux pays formeraient un nouveau cartel du pétrole au détriment de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs pétrole), dont la Russie ne fait pas partie. L’OPEP est subordonnée aux intérêts de l’Occident, c’est pourquoi avec l’imposition de sanctions économiques vis-à-vis de la Russie, le prix du baril de pétrole a chuté artificiellement de 100 à 42 dollars.

Rappelons que, le 14 février 1945, le Président Franklin Delanoe Roosevelt a rencontré le roi Abdul Aziz Bin Al Saud, sur le croiseur USS Quincy dans la Mer Rouge. La réunion qui a eu lieu en secret, visait à établir les conditions de collaboration afin d’assurer la stabilité dans l’après-guerre au Moyen-Orient. Les États-Unis d’Amérique assureraient la sécurité de l’Arabie Saoudite et un siège à l’ONU, et l’Arabie Saoudite devenait, pour toujours, un allié des Etats-Unis, leur permettant toutes les spéculations sur le marché du pétrole.

Pour voir les photos qui illustrent l'article ,cliquez sur le lien :http://reseauinternational.net/les-porte-helicopteres-mistral-vont-ils-arriver-en-russie-via-legypte-et-larabie-saoudite/

Valentin Vasilescu

Traduction Avic – Réseau International

Russie, via l’Egypte et l’Arabie Saoudite ?
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