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Grèce : le Munich diplomatique et social d’Alexis Tsipras

Publié le par Felli Bernard

Grèce : le Munich diplomatique et social d’Alexis Tsipras

mardi 14 juillet 2015

Grèce : le Munich diplomatique et social d’Alexis Tsipras

L’accord des dirigeants de la zone euro est totalement effarant. Mais comment le nouveau gouvernement, élu sur une promesse de mettre fin à la tutelle et l’austérité dont était victime son pays, a-t-il pu signer un tel texte, si proche de ceux qu’il dénonçait dans l’opposition ?

L’impasse prolongée, et aggravée

Le plan qui a été signé est une triple abomination. Abomination démocratique, car même si Alexis Tsipras a fait voter les Grecs puis le Parlement, le signer semble tellement contradictoire avec le mandat donné par le peuple grec le 25 janvier, puis le 5 juillet. Abomination humaine, car les précédents plans ont provoqué une casse sociale absolument effroyable, qui se lit dans les taux de chômage et de pauvreté, et même dans les statistiques de la mortalité infantile et des taux de suicide. Abomination de la raison, tant ce plan semble un décalque des plans des années passées, qui ont pourtant tous échoué puisqu’il a fallu à chaque fois un autre plan, après les échecs de ceux de 2010 et 2012.

Ce plan est peut-être encore plus absurde que les plans précédents. Car au même cocktail dépressioniste de hausses d’impôt et de coupes des dépenses, qui ont fait plonger le PIB Grec de 25%, les dirigeants de la zone euro n’ont même pas eu le bon sens de restructurer la dette, au contraire des plans de 2010 et 2012. Résultat, alors que la Grèce ne parvenait plus à rembourser sa dette de près de 180% du PIB, on va ajouter la bagatelle de 80 milliards de dettes, soit 40% de PIB de plus, le tout, sachant que le coktail austéritaire va probablement faire baisser le PIB. Certes, il y a une promesse de « reprofilage » de la dette, mais cela sera fait plus tard et ne fera que prolonger la tutelle de la Grèce.

Pourquoi la Grèce accepte cela ?

Ce faisant, ces six mois de négociation démontrent à quel point le poison européen est puissant. Cela peut malheureusement être compréhensible pour la Grèce, comme je le pressentais il y a plus de cinq ans : le pays a trop bénéficié de la construction européenne et sans doute trop peur d’être seul face à la Turquie pour pouvoir seulement envisager de reprendre sa liberté. Malheureusement, même Chevènement semble céder à cette illusion européenne en disant que c’est « une moins mauvaise issue qu’un Grexit inamical » et appelant à une réforme de la monnaie unique, tout en donnant un satisfecit à François Hollande ! Certains, comme Panagiotis Grigoriou, en appellent les Grecs à se réveiller.

Alexis Tsipras sera doublement perdant : il récoltera les troubles de ces six longs mois de négociation et les conséquences de ce plan qui sera, lui aussi, un échec. Et alors qu’il pouvait être le libérateur de son peuple, sa foi européenne le pousse à devenir le gardien de la prison dans lequel son peuple retourne.

à

07:55

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Libellés : Alexis Tsipras, euro, Eurogroupe, Grèce, Jacques Sapir, Romaric Godin

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