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L’Etat français à Calais

Publié le par Felli Bernard

Eric Zemmour
Eric Zemmour

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L’Etat français à Calais

Quand l’Etat français se fracasse à Calais

Calais est en train de devenir le cœur des passions françaises. Le cœur de nos angoisses, de nos faiblesses et de nos conflits à venir. L’arrestation du général Piquemal, 75 ans, ancien patron de la ­Légion étrangère, ancien conseiller de ministres (de gauche !), a fait sensation et déchaîné les passions, opposant ceux qui s’offusquaient qu’on osât arrêter un tel personnage, et ceux qui lui reprochaient d’avoir été présent dans une manifestation de la branche française de Pegida - le mouvement allemand anti-Islam - manifestation interdite par la préfecture de surcroît.
Mais l’affaire Piquemal dépasse de loin la personne de l’officier qui semble dépassé par la houle judiciaire et médiatique qui l’a emporté. Une semaine avant cette manifestation de Pegida, il y avait eu celle des migrants et de leurs soutiens qui s’était, elle aussi, mal terminée : des militants d’extrême gauche avaient badigeonné une statue du général de Gaulle d’un élégant "Nik la France", et deux Calaisiens excédés avaient sorti un fusil pour mettre en joue la horde qui déferlait vers leur petit pavillon.

Les tensions montent et c’est inévitable. On ne peut que s’étonner et admirer la patience des Calaisiens. Le camp qui reçoit les immigrants venus du monde entier à destination de l’eldorado britannique a pris peu à peu des allures dantesques. On l’appelle la jungle : trafics divers, prostitution, armes, c’est la cour des Miracles du Moyen Age ! Les musulmans, majoritaires, persécutent les chrétiens et tentent de les chasser. Les forces de l’ordre sont impuis­santes. Toute leur énergie est consacrée à empêcher ­quiconque d’accéder au tunnel sous la Manche. Nos policiers sont au service des Anglais, mais n’ont pas de consignes pour protéger les populations françaises. Le ministre de l’Intérieur se contente de faire du tourisme à Calais. Les chefs des Républicains ne paraissent pas plus décidés. Le FN soutient du bout des lèvres les manifestants anti-migrants et leur rappelle seulement qu’ils doivent voter pour lui. C’est l’impuissance généralisée. Le mépris généralisé. Personne n’ose proposer de renvoyer ces migrants d’où ils viennent. Les seuls pays qui ont mené des politiques musclées - et efficaces - comme l’Aus­tralie ou la Hongrie sont ostracisés par les médias.

Pour justifier l’arrestation du général ­Piquemal, la gauche invoque l’Etat de droit. Mais comment parler de droit quand il n’y a plus d’Etat ? L’Etat français est toujours assez fort pour empêcher les citoyens français de se défendre eux-mêmes contre les menaces qui s’amoncellent, mais il est devenu trop faible pour les en protéger. Dans un pays comme la France, où l’Etat a historiquement édifié la nation, le constat est ravageur. Paul Valéry nous avait prévenus : "Si l’Etat est fort, il nous écrase ; s’il est faible, nous périssons."
Paru dans Le Figaro Magazine, 12 février 2016

ZEMMOUR Eric

Né le 31 août 1958
Marié – 3 enfants


Journaliste politique, écrivain

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