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Syrie, effet boomerang ?

Publié le par Felli Bernard

GEVIGNEY de Hubert
GEVIGNEY de Hubert

Syrie, effet boomerang ?

Syrie, effet boomerang ?

Tout drame humain mérite compassion... C’est bien-sûr le cas de la noyade de cet enfant échoué sur une plage de Turquie, dont les médias nous ont repassé l’image à l’envie, avec force détails – dont la plupart se sont révélés rapidement faux ou arrangés, sur sa famille et sa courte vie. On s’est empressé de la comparer à celle de la petite fille du Vietnam courant nue sous les bombes américaines, à celle du petit Biafrais qui a consacré le rôle des médias dans le registre de l’émotion, comme si on n’attendait que ce cliché pour accélérer et justifier le déferlement de réfugiés sur l’Europe. C’est dans ce contexte de matraquage émotionnel que nos dirigeants européens ont pris des décisions dont il semblerait, depuis, que certain des plus "généreux" commence à se repentir en remettant des contrôles à ses frontières.

Que l’émotion soit devenue un critère dans la façon de conduire la politique de nos post-démocraties, soit ! Mais en reconnaissant ce critère on s’expose par définition à ce qu’il soit sélectif en fonction du but recherché. En l’occurrence, il s’agissait de convaincre les peuples européens, en majorité réticents, de la nécessité d’accueillir des réfugiés fuyant la guerre, "coupables" qu’ils sont d’être encore en paix et dans une certaine prospérité.
Dans ces conditions, on peut attendre encore longtemps les images du plus pauvre des pays arabes, le Yémen, bombardé sauvagement par l’aviation de notre très grand et très riche ami saoudien. On peut aussi se demander pourquoi la presse ne nous a pas joué sa partition lors du massacre – images insoutenables, des enfants chrétiens de Mossoul tombée aux mains des voyous barbares de l’Etat islamique. Pourtant, de cela aussi, nous aurions pu nous sentir coupables !

Cette culpabilité orientée, que la sphère politico-médiatique essaye de faire endosser aux peuples d’Europe, n’est que le faux-nez de l’immense responsabilité que portent les dirigeants occidentaux dans les politiques qu’ils ont menées depuis quelques décennies dans les pays arabes, le dernier étant la Syrie dont ils avaient sous-estimé la capacité de résistance. En ne retenant que l’action – l’attitude plutôt ! - de la France, particulièrement symptomatique, depuis le début de l’invasion du territoire syrien par des dizaines de milliers de combattants étrangers (imaginons sur notre sol national la présence de seulement 10 000 voyous de la sorte, lourdement armés, soutenus financièrement par l’extérieur, drogués à mort et se disséminant savamment dans la population prise de fait en bouclier humain) on s’aperçoit qu’elle n’est dictée que par l’obsession de supprimer le président Bachar el Assad qui – on s’en souvient, "n’a pas le droit de vivre" (sic), en s’appuyant sur une soi-disant opposition modérée qui n’a jamais existé et sur les éléments donnés par un Observatoire syrien des droits de l’homme qui n’est en fait qu’une personne officiant sous un faux nom au royaume d’Albion, se souciant comme d’une guigne du peuple syrien auquel on n’a surtout jamais demandé son avis.
Cette obsession fait penser à celle de Clémenceau signifiant une fin de non-recevoir aux tentatives de paix durant les deux dernières années de la première guerre mondiale, dans sa volonté farouche d’assurer l’effondrement des Empires centraux... au prix d’au moins 400 000 de nos compatriotes. Pour l’heure, en Syrie, tout se passe comme si, faute d’en pouvoir éliminer le président, on voulait vider le pays de sa population, gesticulant avec les moyens d’une coalition censée combattre l’Etat islamique, mais dont le moins qu’on puisse dire est que les effets ne sont guère probants. Voilà quatre ans déjà d’une guerre entretenue, que l’on dit civile mais qui ne l’est pas, et dont bien évidemment, celui qui en souffre, le peuple syrien, n’a jamais voulu ! En attendant que Vladimir Poutine finisse par intervenir plus directement – il n’a pas envie que les égorgeurs de l’Etat islamique soient recyclés en Ukraine, et que l’Occident en vienne à composer inévitablement, les flots de migrants de toutes natures – effet boomerang, continueront de déferler sur l’Europe.

De-ci, de-là, on commence à le reconnaître, cette subite poussée d’immigration serait donc la conséquence de nos inconséquences et de nos ingérences ? Si ce n’était que cela !... Dès la paix revenue, on pourrait alors imaginer le flot repartir d’où il était venu. Or, comme de coutume, la classe politique n’est dans cette affaire que ce qu’elle est toujours : à la remorque des médias et de nos inévitables faiseurs d’opinion, lesquels sont aux mains, ou copains-coquins, de quelques lobbies financiers bien connus. On entend dire par des spécialistes auto-proclamés et par des soi-disant devins qui se sont toujours trompés, que ce sont des "Montaigne" qui nous arrivent, que ces réfugiés vont faire de l’Europe la "1ère puissance mondiale" ... Ce langage aux apparences humanistes n’est que la ritournelle bien rôdée au service d’une idéologie prônant le chaos – dit "constructeur", en guise de gouvernance mondiale. On rétorquera – c’est ce qu’il trouve comme seule défense, que nous voilà en plein délire complotiste ! Pourtant tout cela est parfaitement théorisé, planifié, revendiqué et tout à fait vérifiable. L’empire chancelle, il n’a plus comme expédient que celui d’affaiblir ses concurrents potentiels.
En encourageant les flux de migrants, on ajoute au déséquilibre du Moyen-Orient et, pour le même prix, on en crée un supplémentaire en Europe sans avoir à bouger le petit doigt, sans envoyer de GIs, selon les principes du monde VUCA (volatile, incertain, complexe et ambigu) cher à ce grand humaniste qu’est Donald Rumsfeld... Alors boomerang, seulement ? Dans ce cas, ce serait plutôt tir au but !.. La question que l’on peut se poser, c’est qu’a-t-on promis à nos young leaders ou aux assidus des réunions du mercredi au Siècle – ce sont souvent les mêmes, pour relayer aussi fidèlement ces belles théories ? Un mobile-home en pin d’Oregon - s’il n’a pas tout brûlé d’ici-là, dans l’herbe (OGM) verte du Wyoming quand toute l’Europe aussi sera verte, mais pour une autre raison ?

GEVIGNEY de Hubert

Né le 9 septembre 1951
Marié – 5 enfants


Officier de marine, Contre amiral


Engagé volontaire au sein des équipages de la flotte (1970)
Officier stagiaire à l’école commando (1984-1985)
Ecole supérieure de guerre navale brésilienne (Rio de Janeiro) (1993-1995)

Officier en troisième puis en second du patrouilleur La Lorientaise (Polynésie Française) (1979-1981)
Officier en second du dragueur océanique Ouistreham (Océan Indien) (1981-1982)
Commandant du bâtiment école Guépard (1982-1984)
Officier en second du commando Jaubert (1985-1987)
Commandant en second de l’aviso-escorteur Cdt Bory (guerre Irak-Iran) (1987-1988)
Commandant le commando Jaubert (1988-1990)
Directeur de l’enseignement de l’école des fusiliers marins (1990-1992)
Commandant la base navale française de Dakar (Sénégal) (1992-1993)
Commandant en second de la frégate Latouche-Tréville (Océan Indien) (1995-1997)
Chef du service intérieur du porte-avions Charles-De-Gaulle (1996-1997)
Commandant du bâtiment de transport spécial Bougainville (Océan Pacifique) (1997-1999)
Officier détaché à Rio de Janeiro (transfert du porte-avions Foch à la marine brésilienne) (2000)
Chef d’état-major de la force des fusiliers marins et commandos (2000-2001)
Attaché naval près l’ambassade de France à Brasilia (2001-2004)
Attaché de défense près l’ambassade de France à Lisbonne (2004-2007)
Contre-amiral (2008)

Ouvrages
Dans les bars des bouts du monde (2010)- Zéraq, la mer sur le vif (2011)- Aux passantes des bouts du monde (2012)- Sorties de table (2012)- Sur le coffre de l'Homme Mort (2013)- Bras de fer à Moruroa (2013)- La diva, le président et autres face-à-face (2014

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